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Les archives du foot calaisien

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M. Alphonse LEBON 57 ans de football 

M. Alphonse LEBON 57 ans de football 

Noces d'or et 57 ans de football. Ce fut l'occasion pour la Commission des Jeunes du club de marquer cet événement lors d'une bien sympathique réception au cours de laquelle deux jeunes du CRUFC, après avoir lu un petit poème rédigé spécialement à cette occasion, ont offert une magnifique gerbe à Madame LEBON, tandis que son époux recevait un trophée souvenir. 


« Si vous prenez les qualités physiques qu'un joueur de football doit posséder, nous trouvons à tous les postes du jeu les mots : puissance, résistance, endurance, équilibre, vitesse. En fait tous ces mots, nous pouvons les regrouper en un seul, puisqu'ils représentent la FORCE. Il n'y a pas pour le football, tous les exercices nécessaires pour acquérir cette force, puisqu'en général, les entraînements ne sont basés que sur une partie seulement : courses et exercices au sol. J'en arrive donc à dire qu'il faut que les clubs fassent un effort pour obtenir des « installations » afin que leurs joueurs sortent d'un niveau moyen, d'où un manque de virilité que seul ces appareils leurs procureraient cette vraie force. On pourrait décomposer le matériel ainsi :

 — Des haltères, un sautoir en longueur et hauteur pour la détente.
— Des barres fixes, une grosse corde (pour tirer). 
— Un cheval de bois (pour sauts) avec lequel on travaillerait l'« audace ».

— Un portique avec cordes (grimper) et anneaux.

Si vous prenez des pupilles, minimes et cadets, accrochez lès à une barre fixe, les trois-quarts ne réussissent pas même une traction. Des juniors et des seniors qui n'arrivent pas à faire une montée de corde de portique avec seulement les bras. J'ai fait cet examen maintes fois et c'est pourquoi je vous transmets ces observations qui doivent donner à réfléchir à tous les éducateurs et dirigeants de football.»

   Monsieur Alphonse LEBON vient de nous donner en quelques mots sa position sur l'entraînement des joueurs. Ces paroles ne sont pas prononcées n'importe comment, elles sont le fruit de mûres réflexions d'une personne qui, durant plus d'un demi-siècle, s'est mise au service du football, d'où il en a tiré d'énormes satisfactions, mais aussi quelques déceptions. 

Monsieur et Madame LEBON chez eux, rue Claude-Bernard, et sur la table quelques trophées qui ont jalonné une carrière bien remplie. 


Né le 10 octobre 1904, au Petit-Courgain, rue des Jardiniers (à présent rue Anatole France), M. LEBON commença sa longue vie de sportif par plusieurs années de gymnastique à l'Etoile. Un jour qu'il jouait au football avec une pelote de papier ficelée, il fut remarqué par M. Maurice Henorg. C'était en 1920, il entrait comme junior au Racing Club. « Il me fallait une heure de marche pour atteindre le champ d'aviation (champ de courses actuel). Je devais prendre, avec d'autres joueurs, les poteaux de but au terrain Denis, poteaux mis sur une charrette à bras ». 
Les entraîneurs de cette équipe étaient MM. Holmes et Richard. Cette année-là, ils allèrent jusqu'en finale du championnat du Nord, où ils furent battus par le R.C. d'Arras (2-1). La formation était la suivante : Lemaire, Sinclair, Milner, Bertaud, Brousse, Recq, Devos, Pruvost, Louchez A., Delasalle, Lebon.

M. LEBON appartint, en 1921-1922, à l'équipe 2 qui fut championne maritime, et qui comprenait, elle : Fontaine (dit Chairigues), Calmant, Degrave, Bernamont H., Delasalle, Conteville, Fermon, Louchez, Bernamont R., Cazin, Lebon E., Lebon A. Le délégué était M. Gauthier. « C'est de cette équipe que je conserverai toujours le meilleur souvenir, pour la bonne camaraderie qui y régnait ».

En 1922-23, il « rentre » dans l'équipe première, comme inter gauche ou inter droit.

En 1924. il fut sélectionné comme remplaçant dans i équipe au Nord qui devait rencontrer la London-League, mais, n'osant' partir seul, il refusa. Cette année fut double pour lui car il rentra dans l'équipe du 110me Régiment d'Infanterie à Dunkerque. « Notre plus gros score : 19 à 0, contre le 1" B.C.M. de Calais ; les matches les plus durs contre le 1290 du Havre (1 à 0, but que je marquais sur reprise d'un corner) et la finale, à Amiens, contre le 1580 de Strasbourg, où figuraient !es internationaux Lieb, Freyermuth, Dutheil, Gallant. Nous perdîmes 4 à 3, Leveugle ratant un penalty à la dernière minute de jeu. » Après sa démobilisation, il revint au Racing. De ces 13 ans passés dans ce club, il a connu les postes suivants : inter gauche et droit, centre-avant, demi-centre, arrière gauche et droit.

Sa meilleure saison : 1925-26, où il battit tous les ténors à J.-Denis, pour terminer avec 38 points, aux côtés de l'A.C. Amiens, derrière le R.C. Roubaix et I'U.S.B. (45 points). Au cours de ces années, il eut plusieurs occasions de partir et, visant toujours une profession « garantie », au mois d'août 1933, il quittait Calais (où le commerce était en baisse) pour l'U.S. Auchel, comme joueur entraîneur.

A L'U.S. AUCHEL, COMME JOUEUR-ENTRAINEUR

Il va « relever » ce club à la première place de la Promotion pour accéder à la Division d'Honneur. 
En 1935-36, l'U.S. Auchel était championne du Nord (Honneur » et a été finaliste du Championnat de France amateur battue par l'A.S. Valentigny (2-0). La composition de l'équipe était la suivante : Hantkowiak, Brevière, Sarnier, Roba I., Dolle, Roba II, Bakowski, Haigrain, Leblond, Canesson, Lebon. En décembre 1937, il fallut aux Pros de Charleville 330 minutes pour se défaire de l'équipe qui, au bout du troisième match et privée de deux bons joueurs, fut battue par 4 à 2. En 1938, en Coupe de France, ils fu-rent battus par les pros de Lens, 1à 0, terminant à dix. 
Puis, ce fut la guerre… « Avec les éléments qui nous restaient nous faisions, de temps en temps, des matches amicaux, surtout dans la campagne, afin de se procurer du ravitaillement. » 
En 1946, ce fut l'apothéose, puisque l'équipe devint championne de France amateur, en battant Cazères, en finale, 3 à 1, totalisant dans sa poule de barrage 15 buts contre 1. L'équipe était alors la suivante : Fruchart, Delbecq, Bartkowiak, Kopania, Kaczmarck, Sosnowski, Mankowski, Tem-prement, Szomyany, Barbieux, Canesson. Malheureusement, après cette finale, las de réclamer de meilleures installations sur le stade, il donna sa démission et reçu alors des offres d'Alsace. assez intéressantes puisqu'elles lui garantissaient ses annuités aux mines.

 
A L'A.S.C.A. WITTELSHElM COMME ENTRAINEUR 


Dans ce club situé près de Mulhouse, il compléta tout de suite l'effectif par une équipe minimes et porta toute son attention sur les juniors et cadets, car il avait découvert quelques difficultés chez certains seniors. 
La deuxième saison, les cadets étaient. champions d'Alsace, en battant. en finale, à Selestat, Mars Bisheim, par 5 à 2. Tandis qu'en championnat juniors, une deuxième place, avec 82 buts contre 30 et, en cadets, une première, avec 133 buts contre 21. Les seniors A, eux, terminaient troisième et les B, deuxième. Pour des raisons familiales, M. LE-BON dut quitter l'Alsace et, en 1948, il revint au Racing.

DES 1948 AU RACING ET A L'U.S.

« Revenu en Racing, en août 1948, je me suis trouvé sans terrain, ni installations d'entraînement ; il me fallait prendre les extérieurs de Calais pour la mise en souffle ». 
En désaccord avec le conseil d'administration du club, M. LEBON offrit alors ses services à l'Union. où il s'occupa des jeunes. 
" Ne pouvant rester inactif. mais non avec un esprit revanchard, j'ai offert mes services à l'Union, où après une saison d'observations je dus céder ma place à Grizi. J'étais atteint d'une défailla,ce qui m'empêchait tout effort. Je pris quand même la direction des jeunes"

Le jeu s'améliora doucement et sous la direction des Grizi, Millien, Noël, l'U.S. présentait tous les ans des jeunes au Concours du Jeune Footballeur et obtint de beaux résultats, avec les juniors en Coupe Gambardella, en 1956-57 (demi-finalistes, battu pas Lens à Dunkerque). « A tous ces résultats, il me faut ad-joindre l'ami Théo Clouet, l'infatigable et maître de direction des matches de jeunes ! ». 
En 1963, il quitta l'Union « sans claquer la porte » pour aider Tit Guss Blanquart à l'Amicale Pascal, où il avait fait ses premières armes. En 1966, il s'occupa de l'E.S. Guînes, où il restera deux ans, puis revint à l'U.S., en 1968, où il s'occupa de l'école de jeunes, avec M. Théo Clouet. Enfin, ce fut le CRUFC, où toujours fidèle au poste, il entraîne et conseille les jeunes. Laissons lui, maintenant, la parole quelques instants, pour qu'il nous explique ce qu'il ressent, après 65 ans de sport et savoir qu'elles sont ses vues sur le football moderne. 

« Ce rôle d'entraîneur, que j'ai tenu, est très ingrat et fatiguant, tant au point , de vue physique que moral, il faut lutter contre bien des adversités, les dirigeants - vous surveillent et attention au faux pas,  car ils restent toujours impatients.

Ce qui me reste le plus dans ma mémoire. ce sont les déceptions et non, comme vous pourriez le croire, les jours de gloire. car même lorsque l'équipe était victorieuse, il se trouvait toujours des erreurs  à signaler.  

Mes deux meilleurs clubs furent sans conteste, l'U.S. Auchel et l'U.S. Calais, où je trouvais une meilleure compréhension chez les dirigeants. Le point que j'ai toujours dû combattre fut pour les installations car, jugeant que pour le football il faut une certaine diversité des entraînements, surtout pour acquérir cette force et cette souplesse, complètement indispensables à tous points de vue. 

Toujours fidèle au poste et toujours prêt à servir ce sport que j'ai toujours aimé, j'ai toujours montré le bon exemple aux joueurs et pas un ne pourra me contredire à ce sujet. Ici, je m'adresse à tous les joueurs afin qu'ils se rapprochent de leur entraîneur ou de leur président, ces derniers devront et ne pourront que VOUS aiguiller dans une bonne direction, leur jugement vous sera très utile. Combien de fois il fallut se montrer diplomate afin de régler certaines difficultés aussi bien vis-à-vis des joueurs que des dirigeants. Je ne voudrais pas terminer avant de vous communiquer quelques idées sur le football moderne : je suis pour la technique à la seule condition qu'elle ne retarde pas le jeu ni le tir (ne pas confondre vitesse et précipitation). Accélérer tous !es points stratégiques du football, tant offensifs que défensifs. Ne pas s'entêter sur certaines tactiques, maïs surveiller le bon fonctionnement des lignes. D'accord pour le jeu d'ensemble, il ne faut pas oublier qu'il faut user (surtout au point terminal) de l'effort personnel. « Rush ». Tous les efforts doivent se concentrer pour accéder ou empêcher le tir. Il faut du tableau noir pour toutes les variations et rectifications du football. Il n'y a pas de football moderne si, peut-être qu'il recherche trop les difficultés (du spectacle), alors qu'il est si simple ! ». 
Propos recueillis par
Alain BODART. 

 

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