Pour le CRUFC, ce quart de finale est un test majeur. D’abord, parce que c’est la première fois, au cours de cette fabuleuse épopée, qu’il s’attaque à un club de D1. Ensuite parce qu’il a dû quitter sa côte chérie. Après Calais ou Boulogne, le voilà à Bollaert, qui a moins la tronche du traquenard idéal pour une D1.

 

Impressionnés par le cadre, et les 27 000 spectateurs, les Calaisiens foirent leur entame. « Je suis au marquage d’Échouafni sur un corner, explique aujourd’hui Christophe Hogard. Je lui laisse vingt centimètres. » Après six minutes de jeu, le CRUFC est dans le dur. Mais il en faut tellement plus pour l’assommer. Mickaël Gérard croise un tir repoussé par Debès, le gardien alsacien. L’étourdi Hogard de la sixième minute devient Hogard le renard de la trente-septième. Il se jette et égalise (1-1). Le premier uppercut calaisien sonne les Strasbourgeois. Ils n’ont pas encore repris leurs esprits que Debès savonne un coup franc vicelard de Jocelyn Merlen. Le ballon rebondit trois centimètres derrière la ligne (2-1, 45e). Trois petits centimètres pour un grand bonheur. Un bonheur sur lequel les hommes de Lozano s’arc-boutent comme on protégerait un trésor. Leur aventure, déjà dingue, tourne à l’irréel. Les voilà en demi-finale.

« C’est la révolte des gueux », glisse Hogard dans les coursives de Bollaert. « C’était pour dire que même sans avoir la chance de ne pas être pro, on a tous le droit à notre moment de gloire.» Ce 18 mars 2000, Christophe Hogard soufflait ses vingt-cinq bougies. La rumeur dit que les « gueux » festoyèrent longtemps.