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Par Hervé MACQUET le 22 Octobre 2020 à 18:15
“Et si…” : Calais avait gagné la Coupe de France
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Par Hervé MACQUET le 15 Octobre 2020 à 13:49
Selon vous, l'épopée de Calais jusqu'en finale en 2000 est la plus belle de l'histoire de la Coupe de France !
La semaine dernière, nous vous avions demandé de voter pour votre plus belle épopée de l'histoire de la Coupe de France. Avec 50% des votes, celle de Calais, finaliste en 2000, termine largement en tête. Cédric Schille, ancien gardien historique du CRUFC, se souvient.
«Cédric, on ne devrait pas vous surprendre en vous révélant que l'épopée de Calais en 2000 est la plus belle de l'histoire de la Coupe de France selon les internautes de France Football...Non, je ne suis pas vraiment surpris. Ça montre que tous les gens s'en souviennent encore, dix-sept ans après ! On ne vit pas avec ce souvenir tous les jours, mais quand on nous le rappelle, les souvenirs reviennent vite, et on se rend compte que personne n'a oublié cette épopée.
Quels souvenirs vous viennent en tête lorsqu'on évoque ce parcours ?J'ai du mal à m'accrocher à un seul souvenir, pour moi c'est global. D'ailleurs c'est pour ça qu'on l'appelle "l'épopée". C'est un tout, le fait d'être arrivé en finale après avoir démarré notre compétition en septembre... On a réalisé quelque chose de grandiose, les gens se sont reconnus à travers notre équipe et sont encore reconnaissants aujourd'hui.
Quel a été le moment le plus fort : la demi-finale contre Bordeaux (3-1 a.p.) ou la finale face à Nantes (1-2) ?Je ne sais pas, je n'arrive pas à comparer. D'un côté il y a de la joie, de l'autre de la tristesse, mais jouer une finale de Coupe de France au Stade de France, ce n'est pas donné à tout le monde, même chez les pros ! C'était un grand moment. D'ailleurs un collègue m'a dit récemment : "Tu te rends compte, vous étiez au Stade de France, alignés, et vous écoutiez la Marseillaise !" Avec le recul, c'est impensable ! Qu'est-ce qu'on a fait... Après la demi-finale (qui s'était jouée à Lens, ndlr), je me rappelle du retour à Calais avait été interminable ! Dans le bon sens du terme, évidemment.«Sans aucune prétention, on jouait pour gagner !»Sentiez-vous à l'époque que la France entière était derrière vous ?Ah oui, on le sentait clairement. Maintenant, le club avait essayé de nous protéger un peu de tout ça, des médias, de cette ferveur. Avec ses moyens. Mais on s'en rendait bien compte ! Après, on n'était pas dans la même ambiance, on ne le vivait pas de la même façon à l'intérieur que les gens à l'extérieur. Eux faisaient la fête, nous on était quand même dans une logique de travail, avec le stress des matches en plus. Sans aucune prétention, on jouait pour gagner ! Quand tu joues un match, c'est pour le gagner. De là à dire qu'on pensait en arriver là...
Quelle était la force, le secret de cette équipe ?On a fait une autre épopée en 2006, jusqu'en quarts de finale. Techniquement, notre équipe était meilleure, parce qu'on avait l'expérience de 2000 mais aussi deux anciens pros, Yohan Bouzin et Djezon Boutoille. On était plus fort, mais en 2000 on avait ce truc en plus, on se mettait le cul par terre pour le copain. Je ne dis pas qu'on ne le faisait pas en 2006, mais on n'avait pas ce petit plus. En 2000, on allait au bout de nous-mêmes. D'ailleurs en 2006, je suis convaincu qu'avec la mentalité de l'équipe de 2000 on passe contre Nantes. On avait cette insouciance... On s'en foutait de tout en fait !
Cette éopée a-t-elle permis au club de grandir ?Je ne pense pas... Je ne sais pas dire pourquoi le club en est là aujourd'hui (relégable en CFA après avoir navigué entre National et CFA2, ndlr), mais il ne s'est pas servi de cette épopée. Aujourd'hui, si les finances ne suivent pas, tu es plombé. La ville a créé un stade qui a coûté plus de 20 millions d'euros, dont le club n'avait pas forcément besoin. Il aurait mieux fallu structurer le club, parce qu'entre 2000 et aujourd'hui, rien n'a changé à ce niveau. Je ne veux pas tout mélanger, la ville n'a rien à voir dans le sportif, mais en cumulant tout, je pense qu'on aurait pu voir les choses différemment. Développer l'école de foot, faire de nouveaux vestiaires... Le but de la construction du stade, c'était que le club arrive en L2, mais ça ne suffit pas ! Il aurait fallu que le club se structure mieux que ça.«J'aurais pu signer pro à Strasbourg, mais je ne regrette pas mon choix d'être resté»Et d'un point de vue personnel, ce parcours vous a-t-il aidé ?Oui, parce qu'aujourd'hui encore j'ai un emploi grâce à ça, et je ne suis pas le seul. Je suis employé de bureau au port de Calais, au service achats. Sportivement, je suis resté à l'époque parce que le club m'avait beaucoup apporté et qu'il y avait un projet. Après l'épopée, j'aurais pu signer pro à Strasbourg. Mais ce n'était pas pour être titulaire, et puis j'avais cet emploi par le biais du club... Donc je ne regrette pas mon choix. Ce qui m'ennuie, en revanche, c'est que le club n'a pas grandi...
Selon vous, la Coupe de France a-t-elle changé depuis 2000 ?Je ne sais pas si elle a changé, mais avec ce qu'on a fait, le milieu pro fait peut-être plus attention aux clubs amateurs. Après, ce qui a changé, ce sont des règlements, notamment autour des normes de terrains, de sécurité. Ce n'est pas illogique, les pros ne peuvent pas jouer dans n'importe quelles conditions, mais ça ne va pas dans le sens des amateurs.
Quels conseils donneriez-vous aux amateurs en quête d'exploit ?Qu'ils n'ont rien à perdre ! Il faut qu'ils y aillent sans peur ! Il faut simplement rentrer dedans à fond, parce que si on a la peur au ventre, on va passer à côté et prendre une valise. Techniquement, il est normal que le professionnel soit meilleur. En revanche, dans l'envie, le joueur amateur doit être au-dessus. Il faut jouer là-dessus, parce que pour certains, c'est le match de leur vie.»Cédric Chapuis
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